2005 Approches solaires

Texte paru dans le catalogue de l'exposition "Approches solaires" au Musée de Romans, septembre 2005.

Mon travail de peintre a toujours été une recherche. Recherche d'une perfection artistique, qui témoigne d'une quête philosophique sur le sens de la vie. Recherche de vérité. Mes travaux se lisent chronologiquement. Chaque série, issue de la précédente, traduit ma volonté de toujours questionner l'ensemble des concepts et des moyens mis en oeuvre. Et de toujours tendre vers plus de justesse. Chaque série signe également un approfondissement ou une exploration bien déterminés. Pour moi, la peinture est une activité spirituelle, religieuse dans son sens étymologique, du latin religare : relier. Relier la terre et le ciel, la matière et l'Esprit. L'ensemble de mon travail traite de deux réalités : celle d'en bas, le terrestre, avec des séries comme "Les Arbres", "Les Feuilles", "Les Montagnes", "Les Yeux"... Et celle d'en haut, le céleste avec les séries "Ciel Etoilé", "Soleil", "Musique des Sphères", "Carte du Ciel"... L'étude de ces deux polarités et du lien qu'elles entretiennent l'une avec l'autre constitue la nature de ma démarche. Je peins des formes de type circulaire. Le cercle est le principe de création dans l'univers ; il l'est de même dans ma création artistique. Ici, la forme ronde ne peut exister qu'à l'interieur du carré dans lequel elle s'inscrit. Peindre, c'est en quelques sortes transformer la surface initiale du support carré en une forme circulaire peinte. Afin que l'oeuvre soit visuellement la plus légère possible, je peins à l'acrylique, de manière très liquide, en superposant les couches transparentes. Je laisse également le fond vierge, blanc, pour ne pas alourdir l'ensemble en affirmant les limites du support ; celles-ci s'effacent en s'unissant au mur blanc sur lequel l'oeuvre est accrochée. Même s'il n'est pas peint, le fond fait partie intégrante de l'oeuvre, ayant été totalement pris en compte dans l'élaboration de la forme. La sculpture, par ses trois dimensions, est davantage impliquée dans la matérialité ; c'est pourquoi dans la série "Musique des Sphères", j'ai utilisé la transparence du verre pour absorber le sentiment de poids. De façon générale, j'utilise des matériaux qui véhiculent le moins de matière possible : acrylique fluide, aquarelle, encre, crayon de couleur... Voire l'absence de matière : feu, pyrogravure, rayonnement solaire. Bien plus que le musicien, le peintre doit composer avec la matière, la sublimer, et l'offrir au regard aussi légère qu'une "Suite" pour violoncelle de Bach. Par le dessin, la peinture, la sculpture, je travaille la matière afin d'en étudier la genèse et remonter ainsi jusqu'à son origine, lorsqu'elle n'était que Pure Lumière.

Philippe Noulette, décembre 2004.